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3 février 2009

Chapitre Second. Au Carrefour Des Existences.

 

Je me souviens que ce matin là, après une crêpe à la confiture de cerises et un bol de chocolat, nous sommes allés à l’école ensemble, comme toujours. Quatre années avaient passées, à une vitesse terrifiante. Eric affichait le visage d’un garçon, bientôt adolescent, de onze ans. Ses cheveux, devenus châtains, ondulaient sous sa vieille casquette. Le temps avait joué avec son caractère, lui permit de se trouver des amis. Des amis, des vrais. Eric riait même, parfois. Ils n’étaient pas nombreux, seulement un lien merveilleux semblait les unir. Je crois pouvoir donc qualifier ceci d’amitié, mais n’en suis pas certain. Petit à petit, Aishuu redevenait Rien. Et ça, pas même Eric ne semblait s’en apercevoir. Bien évidement, personne n’était au courant de mon existence, personne ne me voyait. Non, personne. Je resterais toujours l’Invisible. Après les cours de la matinée, un professeur demanda à mon compagnon d’aller chercher un dossier près de la salle de sciences à lui remettre dans la journée. Pour ne pas oublier, il s’y rendit tout de suite. Dans le couloir, toutes les portes s’ouvraient pour nous laisser admirer ces salles vides.

 Il trouva le bureau, fouilla dans les tiroirs jusqu’à trouver l’objet de ses recherches. Nous sortîmes, le dossier sous la main. En passant devant une salle de cours, j’aperçus un filet de lumière. Je fis part de ma curiosité à Eric, qui hocha la tête. Il souffla, bien allons y. A peine avions nous posé notre regard sur la pièce, qu’une lumière aveuglante nous attaqua de plein fouet. Puis, nous la vîmes. A partir de cet instant, tout se passa très vite, trop vite.


Le sang flottait autour de ses os, encore en plastique la veille. Puis des muscles se formèrent autour, enveloppèrent à moitié le liquide sombre. Les nerfs, les artères, vint ficeler ce corps qui prenait forme, en dansant. Puis la peau, pâle, naquit sur la pointe de ses orteils. Elle remonta à une vitesse fulgurante. Les ongles, les cheveux apparurent presque aussitôt, dans un ballet de fibres colorées. Eric était sur le point de retirer sa casquette, chose rare et exceptionnelle. Ses mains, ne tremblaient pas. Je le vis rougir légèrement : il avait vu que la magnifique créature qui lui faisait face, était une femme. Ce détail me fit sourire, l’alchimie prenait, déjà. La lumière qui émanait de son corps disparut lorsqu’elle ouvrit les paupières. Azurs. Ses cheveux blonds glissaient sur ses épaules nues. Croisant son regard froid, il retira sa casquette. Je souris, encore. Un long moment passa. Elle nous observait à la dérobée tandis qu’Eric n’osait admirer son corps fin. La sonnerie le tira de sa rêverie. Il se tourna vers moi, je pus lire dans son regard toute sa surprise, toute sa satisfaction. Qu’était ce ? Une femme ? Une fée ? Un monstre ? Une sorcière ? Un vampire ? Un fantôme ? Une âme errante ? L’inconnue se tourna vers nous.

 

Elle me sourit, d’un regard charmeur et charmé par mon ossature lisse et d’une finesse inégalable. Je crus un instant sentir le regard jaloux de mon ami sur moi. Je hochai la tête, comme un bienvenue. Eric, la surprise passée, remit sa casquette en place puis, d’un geste, il enleva se veste pour la jeter sur elle. « Merci », murmura-t-elle. Sa voix, bon sang sa voix, semblait tout aussi glaciale que ses prunelles bleues. Elle ne subissait pas une trace du temps et, en deux notes, avait composé la sublime mélodie d’un remerciement. Impassible, elle entreprit d’enfiler le vêtement comme le portait quelques minutes auparavant le jeune homme. Elle l’observa, le tourna dans tous les sens puis, haussant les épaules, elle le rendit à Eric. Il se demandait sûrement comment un tel être pouvait parler mais ne savait enfiler un blouson. Prenant son courage à deux mains, il s’approcha d’elle pour lui mettre l’habit aux couleurs grises. Elle recula, semblant apeurée, ce qui nous surprit tous les deux. Il soupira, refit un pas vers son corps pâle. « Pas de craint à avoir. Tu as froid, il faut t’habiller ... », chuchota-t-il doucement. Sa voix calme lui offrait une apparence rassurante et sûre de lui, ce que je savais faux. Elle parut réfléchir, avant de s’avancer à son tour. Il lui sourit.

 « Bien. Tends le bras, là. » Il fit passer la manche, sous ses yeux qui reflétaient son sérieux intérêt pour la chose. « Voilà, comme ça. Pareil avec l’autre maintenant. » Les frissons de la jeune créature cessèrent. « Merci », encore une fois. Eric se gratta l’arrière de la tête, embêté. Il se tourna vers moi, m’interrogeant de ses prunelles sombres. Je décidai alors de prendre les choses en main. Je lui tendis mes longs doigts. Elle m’observa un instant, indécise. Fatigué d’attendre que notre belle se décide, je pris la sienne. Malgré ses airs froids, je la sentis sursauter au contact. Nous l’entraînâmes derrière le bâtiment. Dehors, le soleil brillait. Nous avions trouvé des vêtements de sport dans les vestiaires et l’avions fait porter le tout. Les joggings n’allaient pas à ce genre de princesses. Tant pis. Avec Eric, nous décidâmes de la garder avec nous. Ou plutôt avec moi. Les gens la voyaient, elle. Détail qui me rendit farouchement jaloux. Il fallait la cacher. Malgré les circonstances, la femme gardait son regard froid et n’usait ses cordes vocales que pour nous remercier. Pendant qu’Eric retournait en classe, je l’embarquai loin de l’établissement où gisaient équations et règles de grammaire ...

Paradose.

[.]

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Commentaires
O
J'adore aussi ce chapitre. C'est très fluide, j'aime. <br /> <br /> Petite note : Ses cheveux blonds glissaient sur ses épaules sur ses épaules nues. Dans cette phrase,tu as mis deux fois le même mot !! :><br /> <br /> Bisous
.
  • Tu écris et là, juste là, tu te sens en vie. Le souffle, le souffle murmure et les mots se reposent là, ils déchirent, ils tanguent, ils brûlent de passion, de vie ! Ils brûlent d'une vie blanche et profonde. Voyez.
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