Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
.
31 octobre 2012

Voyage au bout de la nuit, Céline.

  Tu as vu, comme la nuit s'est écroulée ? Elle vacillait légèrement depuis des lustres, puis tout s'éteignit, le noir, le noir absolu, que personne ne retient. Elle a fermé ses yeux, a écouté la musique, puis est partie. Elle a cessé de bouger, elle a cessé de se leurer, cessé de danser, de chanter, de rire, de parler, de réfléchir et de manger. Elle a cessé de vivre quelques instants, le temps de s'endormir sur une épaule invisible, froide, dure, qui n'était pas bien confortable mais que veux-tu c'est tout ce qu'elle avait, elle, ces épaules et ces rêves. Elle ne voyait rien de plus, ne vivait pour rien de plus, elle se mouvait à peine dans ce cauchemar, elle ne respirait qu'à peine dans cette pénombre, J'AI PEUR ! Mensonge, lui répond-on, tout le monde a peur, tout le monde tremble, regarde comme les gens vacillent et baissent la tête ils ont honte de leur monde, honte de leur réalité, honte de leur passivité, honte de la prison qu'ils se sont construite et dont ils n'osent ébranler les parois, si fragiles mais si lointaines, ils ont tous honte, tellement qu'ils préfèrent aussi fermer les yeux, tellement qu'ils préfèrent aussi ne pas y croire, ne pas en parler, se taire et puis mourir, sans que le monde n'ait changé, sans qu'il ne change, comme figé par cette inaction, par ces regards voilés et ces visages fermés. Mais toi, mais toi, tu sais, tu as conscience de ce que les gens devinnent vaguement, de ce que les gens deviennent sans le voir. Tu le sais et que fais-tu, que fais-tu, quels mouvements esquisses-tu dans le noir, sous le soleil, dans le vent et dans le silence ?! Tu ne bouges pas, tu ne dis rien, mais dénonce bon sang, dénonce ! Tu as tes mots, tu as ton temps, tu as ton corps, tu as ta voix, tu as ta vie et elle n'existe que pour cela, elle n'existe que pour remuer les choses, en extraire ce que l'on cache, le montrer aux yeux de tous et leur crier : " LA ! Vous ne pourrez pas mentir ! Vous ne pourrez pas prétendre ignorer ! C'est de votre vie, de votre avenir, de votre monde dont il s'agit ! Pourquoi ne bougez-vous pas ? Pourquoi ne faites-vous rien ? Etes-vous si bien, dans cette illusoire liberté ? Etes-vous si bien que vous ne vous y délogerez pas ?! Agissez ! Vivez ! Ne vous cachez plus ! La vie est ailleurs ! " Oui. LA VIE EST AILLEURS. LA VIE EST AILLEURS. Relève la tête. Ouvre grand tes yeux. Regarde. Regarde. Observe. Admire. Pleure ces horreurs, pleure ces mensonges, pleure ces injustices, pleure ces folies et ensuite, ensuite brandis-les ! Brandis-les bien fort ! Dis-leur que c'est faux ! Dis-leur qu'on ne tue pas les enfants pour quelques mots ! Dis-leur qu'on ne torture pas les hommes pour un dieu ! Dis-leur qu'on ne viole pas les femmes pour un voile ! Un voile, qu'est-ce ? Un voile, qu'est-ce ? Regardez-le, bon sang, ce voile, et dites-moi ce qu'il a fait pour mériter des morts ? Dites-moi ce qu'ont fait ces enfants pour mériter qu'on les tue ? Dites-moi ce qu'ont fait ces hommes, dites-moi ce qu'a fait le monde pour que tous se détruisent, brandissent des têtes sans corps vers le ciel, brandissent des mensonges vers le Ciel ! Dites-moi, dites-moi, je veux écouter cela, je veux entendre ces mots qui n'ont pas de sens, de sens pour personne, de sens pour rien au monde. Dites-moi pourquoi vous tuez. Dites-moi pour qui vous tuez. Dites-moi comment vous tuez. Comment vous réussissez à voler la vie selon vos désirs. A voler la liberté. A voler la raison. A voler le bonheur. A voler le monde à d'autres. J'ai ouvert les yeux, et il faut maintenant que je vous les ouvre ? Vous savez, vous savez, ne l'ignorez pas davantage, vous SAVEZ ! D'où vient-elle, cette folie ? D'où vient-elle, cette passion du monde pour son auto-destruction ? Ne mentez pas, ne cachez pas. Montrez à tous, parlez-en à tous et dîtes-leur. Dîtes-leur qu'il faut agir. Qu'il faut parler. Qu'il faut écrire. Ciel, dîtes-leur qu'il faut chanter et danser ces cauchemars ! Qu'il faut les attirer à notre vie, y insuffler leur terrible souffle dans le moindre de nos gestes parce que nous, nous, nous sommes en vie ! Nous, nous nous ne sommes pas encore détruits ! Et pourquoi ne le sommes-nous pas ? Pourquoi survivons-nous ? Qu'avons-nous fait pour mériter cette vie que d'autres ont si vite perdue ? RIEN. Je ne veux pas vivre dans ce mensonge, moi ! Je ne veux pas cacher la misère des autres derrière mon sourire. A moi aussi, à toi aussi, à lui aussi, à elle aussi, à nous aussi, tous, tous, nous devons porter ce fardeau, le fardeau de l'Homme qui s'est perdu dans son cauchemar. C'est ensemble que vous trouverons la sortie. Ensemble, guidés par la lumière de la liberté, guidés par la lumière de notre pensée, que nous en sortirons. Le vent fait danser les branches, le vent fait vriller les feuilles, le vent fait se tordre les flots, le vent fait froid dans le dos, je veux dire, je veux dire, je veux dire.

 

" Il n'y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n'a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on aura plus peur de se taire. Ca y sera. ", Céline.

Publicité
Publicité
Commentaires
.
  • Tu écris et là, juste là, tu te sens en vie. Le souffle, le souffle murmure et les mots se reposent là, ils déchirent, ils tanguent, ils brûlent de passion, de vie ! Ils brûlent d'une vie blanche et profonde. Voyez.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité