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28 août 2009

PROLOGUE

Elle soupire. Il faut commencer maintenant. Sinon, l’article ne sera pas près pour le lendemain matin. « Aller Ruth Let, cet auteur mérite bien mieux qu’une page blanche ... Démolis son dernier soit disant chef d’œuvre comme tu sais si bien le faire et tout le monde sera content. Ou presque. », se dit-elle pour cultiver un peu de volonté. Elle ferme les yeux, se concentre. La machine est lancée. Ses doigts pianotent sur son clavier. Il est dix heures du soir. La critique de mademoiselle Ruth Let sera prête pour ce fichu Au Bonheur de l’Art dans quelques heures. Et tout le monde pourra cracher sur sa critique comme elle crache à présent sur le roman d’un aute dont elle se moque éperdument. Elle tendra la disquette à son imbécile de patron, qui lui offrira son plus beau sourire, l’air de dire « Qu’est ce que tu penses que je vais te demander de changer cette fois, hein Ruth ? ». Elle lui rendra son sourire et retournera à sa paperasse les sourcils froncés. Les gens ne prêteront pas la moindre attention à elle et elle ne leur prêtera pas la moindre attention. Tout allait bien.

Il court. S’il ne se dépêche pas, il va être en retard et toute la troupe va râler. Mais ce ne sera pas méchant. Après tout, personne ne peut vraiment lui en vouloir. Il lui suffit d’un regard et tout le monde comprend. Robin est inoffensif. Sa salopette est jaune, ce soir là. Il aperçoit la roulotte au bout de la rue, malgré le monde qui commence à s’attrouper. Il peste. Le spectacle a déjà commencé. Il croise le regard furibond de Lou. Elle, elle pourrait parfaitement s’énerver contre lui. Tant pis, il fera avec. L’heure n’est ni aux réprimandes, ni aux jérémiades. Il se dépêche de se changer dans la petite roulotte, Lou s’avance déjà vers lui d’un pas qui n’annonce rien de bon. Robin lui sourit, renfonce sa tête dans ses épaules. « Il ressemble à un chien qu’on s’apprête à battre ... », pense la jeune fille. C’est à lui d’entrer en « scène ». Ni une ni deux, le voilà devant tout le monde, à faire cabriole sur cabriole, sous les yeux émerveillés des enfants, incrédules des parents. Il répète ces gestes dont il ne se lasse manifestement pas. Il rit avec le public et sa troupe, qui a déjà pardonné son retard depuis belle lurette. La fête commence. Encore.

Paradose.

[o]

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Commentaires
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  • Tu écris et là, juste là, tu te sens en vie. Le souffle, le souffle murmure et les mots se reposent là, ils déchirent, ils tanguent, ils brûlent de passion, de vie ! Ils brûlent d'une vie blanche et profonde. Voyez.
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